Au fil de mes lectures... - "Le temps est assassin" de Michel Bussi

Au fil de mes lectures...

Chaque vendredi, je vous présenterai une fiche de lecture d'un ouvrage que j'ai lu, dans mes heures perdues ou dans le cadre d'un événement en particulier. Voici donc le fil "Au fil de mes lectures..." ;)

Aujourd'hui, je vais vous parler d'un polar qui a été adapté il n'y a pas si longtemps que ça en feuillon à la télévision française... "Le temps est assassin" de Michel Bussi !

Michel Bussi

© Dyod photography/Opale/Leemage

Résumé de l'histoire :

Eté 1989, presqu'île de la Revellata, en Corse. La famille Idrissi est victime d'un accident de voiture, dont seule la fille de quinze ans, Clotilde, survit. Ses parents, Palma et Paul, et son frère Nicolas sont malheureusement tués sur le coup.
Vingt-sept ans plus tard, Clotilde revient pour la première fois sur les lieux de l'accident, avec son mari Frank et sa fille adolescente Valentine, en vacances, pour exorciser le passé et retrouver ses grands-parents paternels. Cependant, sa vie bascule de nouveau dès le moment où elle reçoit une lettre mystérieuse signée par sa "défunte" mère. Résolue à savoir la vérité, Clotilde décide de découvrir ce qui a provoqué l'accident lors de l'été 1989 et de découvrir la vérité sur la présumée "survie" de sa mère.

Mon avis :

Cela fait depuis longtemps que je lis les ouvrages de Michel Bussi (j'avais commencé à l'époque avec "Code Lupin", que j'avais adoré car j'aimais le personnage et les aventures créés par Maurice Leblanc). Lorsque j'ai appris l'été dernier que son dernier roman "Le temps est assassin" allait être adapté à la télévision, j'ai couru immédiatement à la librairie l'acheter, afin de pouvoir découvrir l'histoire et me faire un avis là-dessus. J'ai lu ce roman dans le cadre de ma préparation au salon Lire en Poche 2019, où était justement invité l'auteur ;)

A la première lecture, j'ai trouvé le schéma narratif très intéressant ; on alterne entre le passé (été 1989) et le présent (été 2016), ce qui nous permet de voir l'évolution de plusieurs intrigues dans le temps.

Les problèmes familiaux dans les années 1980 sont très bien illustrés, avec notamment les intrigues de fidélité tourmentées du couple Palma et Paul (spoiler < surligner avec la souris > : dont la première est vue comme une étrangère par sa belle-famille, et le second doit subir les foudres d'une ex-petite amie dérangée psychologiquement), ainsi que les premiers émois amoureux de leurs enfants Nicolas et Clotilde (spoiler < surligner avec la souris > : l'un tombant amoureux d'une chanteuse et la seconde ressentant des sentiments confus pour un homme plus âgée qu'elle). On sent au fur et à mesure de l'intrigue passée que chacun des membres de la famille souffre des événements vécues en Corse et qu'ils doivent tout faire pour essayer d'être heureux. La mentalité des familles corses se fait également sentir dans le récit ; il est certes question d'honneur et d'alliance tout au long de l'histoire (clichés souvent vus dans les films ou même dans les médias), mais cette notion finit peu à peu par empoisonner la famille Idrissi, ce que j'ai trouvé extrêmement poignant.

Quant au présent, il possède des événements aussi retentissants que dans le passé. L'enquête de Clotilde sur la supposé survie de sa mère est prenante de bouts en bouts, où elle est confrontée à des meurtres mystérieux, aux réticences de ses proches et aux pistes improbables sur l'affaire. J'ai beaucoup admiré son courage tout au long de l'histoire, même si elle avait trop souvent tendance à courir à la recherche des secrets de son passé, plutôt que privilégier plus souvent sa propre famille. On ressent ses doutes, ses frustrations et ses peines à chaque étape de l'enquête et on sent que Michel Bussi fait tout pour que l'on se sente impliqués dans sa recherche.

Les personnages dans l'ouvrage sont vraiment tous exceptionnels à leur façon : qu'elles soient bienveillantes, méfiantes ou agressives, Clotilde rencontre autour d'elles des personnes qui font vraiment vivre l'histoire et y ajoutent leurs empreintes, afin de pouvoir faire avancer l'enquête... ou même la faire reculer.

Dans le passé, j'ai été beaucoup touché par Nicolas, le grand frère de Mathilde, parce qu'à cette époque, il avait des rêves comme tous les adolescents de son âge : se faire de nouveaux amis, monter un groupe de musique ou trouver l'amour, ce qui m'a touché, car cela m'a rappelé mes propres projets de jeunesse tombés à l'eau. Selon moi, il incarnait la jeunesse qu'on aimerait tous vivre ou revivre un jour, et qui restera immortalisé pendant de longues années dans le subconscient de ses proches.

Dans le présent, c'est surtout Orsu qui a su attirer mon attention : bébé dans les années 1980, il est venu au monde dans des conditions dramatiques. Même s'il est mutique et peut sembler faible d'esprit aux premiers abords, je n'ai pu que ressentir de la compassion envers lui, comme l'avait fait Valentine avant moi. Je l'ai même plus plaint que Mathilde dans le roman ; certes cette dernière a souffert de l'accident de voiture et de la dissémination de sa famille, mais Orsu quant à lui a subi malgré lui le poids des mentalités corses sur ses épaules durant toute sa vie, ainsi que des histoires familiales qui ne devaient pas le concerner au départ, qui l'ont encore plus fragilisé et exclus de la société dans le présent.

Ma note :

"Le temps est assassin" est donc un polar où l'enquête se joue à la fois dans le passé et le présent pour permettre à son héroine et ses proches de se reconstruire et de grandir encore plus. Michel Bussi démontre, à travers ce roman, que se remettre d'un deuil aussi grand ne peut se faire aussi rapidement et qu'il doit cicatriser jusqu'à quelques années après un drame. La détermination de Clotilde, ainsi que la frise chronologique des événements, ont été deux facteurs qui m'ont permis d'apprécier la lecture, pour moi qui suis une grande fan de romans policiers. Et c'est cela qui fait vraiment le charme des romans de Michel Bussi : grâce à lui, on arrive à s'attacher à ses personnages et on compatit à leurs souffrances et leurs doutes, ce qui nous donne plus envie de connaître le dénouement des enquêtes ou histoires qu'il écrit. C'est pourquoi je mets la note de 8,5/10, pour avoir su me tenir en haleine pendant 615 pages... mais m'a aussi permis de découvrir la Corse sous un autre jour ;)

Si vous voulez commencer à lire ses ouvrages, je peux aussi vous conseiller "Maman a tort", ainsi que "Un avion sans elle", qui sont aussi deux vrais bijoux d'émotions et de tensions ^^

Je vous mets également dans l'article la bande-annonce ci-dessous de la série télévisée adaptée du roman, "Le temps est assassin", avec Mathilde Seigner, dans le rôle de Clotilde adulte :

Voilà, j'espère que cette critique vous aura plu. Sachez que j'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire et que je compte bien continuer à vous parler de polars dans les prochains articles. La semaine prochaine, attendez-vous à ce que je vous parle de livre jeunesse ;) Car même si les histoires tragiques me touchent beaucoup, je n'en demeure pas moins fans de "young adult".

Sur ce, je vous dis à un prochaine, et que la lecture soit avec vous ! ^^

"Le temps est assassin"

au salon Lire en Poche (2019)

(Pocket - 2017 / 616 pages)

© lelia_writer (Instagram)