Au fil de mes lectures... - "Le Train des Orphelins" de Philippe Chariot & Xavier Fourquemin

Au fil de mes lectures...

Bonsoir à tous et Joyeux Noel ! :D

Cela faisait deux semaines que je ne vous avais pas publié d'avis sur mes lectures dans cette chronique. Je m'en excuse d'ailleurs, la fin de l'année ayant été difficile au niveau de mon travail et des vidéos tournées dans le cadre des RACAJ (Réactions A Chaud d'Animés Japonais) ^^' D'ailleurs, pour pouvoir mieux gérer le rythme, je vais désormais publier deux fois par mois un article concernant "Au fil de mes lectures", car étant donné que je suis aussi pas mal sur YouTube, je vais alterner entre ma passion pour les livres et les reviews sur Magic Knight Rayearth ;) (En espérant que vous arriverez à suivre mon rythme XD).

Afin de bien reprendre un rythme de lecture sain, je vous propose ce soir mon avis sur une bande dessinée que j'avais découverte au lycée et qui parle d'enfants livrés à eux-mêmes dans les années 1920 à travers un voyage dans un moyen de locomation leur permettant peut-être de pouvoir un jour trouver une famille stable : "Le Train des Orphelins" de Philippe Chariot et de Xavier Fourquemin.

Xavier Fourquemin

Résumé de l'histoire :

New-York, 1990. Dans sa résidence huppée de la Big Apple, Harvey n’est pas surpris par la visite de Jim.
70 ans plus tôt, les deux hommes, alors de jeunes garçons, faisaient connaissance à bord d’un train dit "des orphelins" ; un système d’adoption avait été mis en place à l'époque pour endiguer le nombre massif d'enfants abandonnés, sur la côte Est américaine, issus principalement de l’émigration européenne.
Embarqués dans un étrange voyage, Jim et son petit frère expérimenteront la fraternité, l’amitié, la confiance, l’entraide, mais feront aussi les frais de la trahison de ceux qui feraient tout, faute d’être bien nés, pour être bien adoptés... 

Mon avis :

Avant de lire cette bande-dessinée à l'époque, je suis d'abord allée à la pêche aux renseignements concernant ce fameux '"train des orphelins". Et j'ai eu la surprise de découvrir que celui-ci avait réellement existé ! L'ouvrage tente de retranscrire des faits authentiques, à savoir ces Orphan Train Riders dans lesquels des orphelins de New-York étaient entassés et expédiés dans le Middle West afin de leur apporter une structure familiale adéquate mais aussi de pallier au manque de main d'oeuvre, Philippe Charlot nous raconte notamment l'histoire centrée sur trois gamins déracinés. 250 000 enfants embarquèrent de New York entre 1850 et 1929 vers des régions en mal de population jeune et travailleuse. Si le placement d'enfants des rues relève d'une démarche louable, le philanthropisme de façade se lézarde rapidement lorsque l'on découvre les méthodes employées. Le placement se fait sans aucune vérification préalable, les enfants sont simplement étiquetés comme des animaux de foire et offerts à la première personne qui se manifeste. Sans compter les petits trafics menés par les adultes encadrant le voyage qui réservent à l'avance les « plus belles pièces » contre de confortables rémunérations. De fait, mieux valait être blond et en bonne santé pour trouver preneur. Le programme ne prenait par ailleurs pas en charge les enfants noirs (Je cite : « Que voudriez-vous que nous fassions de négrillons… nous sommes une institution caritative mais il y a des limites à tout").

C'est une partie de l'histoire que je ne connaissais vraiment pas avant et qui parait partir d'un bon sentiment (Mon côté historienne a adoré ça ^^) mais dont on entrevoit pourtant les limites dans ce premier tome (On pose juste le cadre de l'intrigue et certains personnages peinent encore à être développé). Je relirais les prochains avec une plaisir afin de m'assurer que la plupart des enfants iront bien (Car dans cette histoire, les enfants courent de nombreux dangers à être aussi indépendants et naifs. Il faut dire que je n'ai relu la bande-dessinée depuis la fac)...

A la fois tragique et empli d'espoir, ce premier opus alterne les périodes de 1990 et 1920, offrant ainsi une énigme supplémentaire (Qu'est-il donc passé entre temps dans les vies d'Harvey et de Jim ? Pourquoi tant de recherches concernant le passé de telle ou telle personnage ?). L'ambiance de cette bande dessinée balade le lecteur entre Oliver Twist et Lucky Luke. On retrouve bien dans les scènes à l'orphelinat la morale protestante typiquement américaine et la façon dont elle est appliquée de manière assez cynique à ces enfants des rues. Après tout, ils venaient de mettre fin à un commerce d'esclave qui avait duré 200 ans, alors pourquoi pas passer à des enfants blancs. Ce premier tome a surtout un rôle de présentation, mais les auteurs ont semé suffisamment d'éléments qui promettent des rebondissements (notamment la narration en flashbacks entre passé et présent) pour donner envie au lecteur de lire les tomes suivants.

Le dessin de Xavier Fourquemin est des plus réalistes et terriblement craquant et attachant, le trait est fin et soigné, mettant en avant l'espiéglerie des enfants et la sévérité des adultes et du temps qui passe. Les couleurs pétillent et sautent aux yeux. On n'a qu'une envie : se ruer tout de suite sur le second tome ! 

Les enfants ont été de suite adopté par moi car je les ai trouvé réalistes et le petit Joey m'a touchée avec ses peurs, légitimes, son amour pour son grand frère, qui le lui rend bien et sa manière de parler avec ses "Moi j'aime pas…". Cela faisait longtemps que je ne m'étais plus attaché à un gosse de bande-dessinée ;) Le cynisme de certaines personnes est bien mis en avant, la cupidité aussi (Caractéristiques que l'on ressent plus chez les adultes). De l'autre côté, certains étaient persuadés d'oeuvrer pour le bien des enfants, dont le directeur d'un orphelinat qui ne croyait pas à la théorie du mauvais sang et pensait qu'en sortant les enfants de leur milieu, on leur donnait une chance de faire mieux.

Ma note :

Ce premier tome du "Train des Orphelins" m'a énormément plu au niveau de son concept. Raconter l'histoire d'orphelins voyageant à bord d'un train toute l'Amérique à la quête d'une famille était une idée touchante et ingénieuse pour revisiter le thème de l'enfant abandonné et faire aussi découvrir aux jeunes comme aux adultes l'histoire de ces bambins parqués dans des wagons d'Est en Ouest. C'est pour tout cela que je lui donne un 8/10, parce que la bande-dessinée pose bien les bases d'une histoire d'amour fraternel et d'une féroce recherche de soi. Il me donne réellement envie de me relire la série entière, en sachant que ce premier tome est le premier de plusieurs arcs centrés sur les enfants suivis. J'ai plus qu'envie de voir ce que Jim va trouver aux archives et de savoir ce que les gamins vont vivre comme autres périples dans leur train...