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16 octobre 2020

Au fil de mes lectures... TPS - "Globalia" de Jean-Christophe Rufin

Au fil de mes lectures...

Spécial Toulouse Polars du Sud

 

Salut tout le monde ! ^^

Après vous avoir parlé pendant un long moment du salon Lire en Poche - malgré le fait que cela n'ait pas eu lieu sniff :'(, je tenais quand même à vous parler par la suite des auteurs que j'ai rencontrés au salon Toulouse Polars du Sud, ainsi que leurs ouvrages que j'ai lus ;)

Je commence cette parenthèse "sombre" avec un roman d'anticipation écrit par un homme, parrain du salon en 2020, dont je vous avais déjà parlé à travers son livre "Le collier rouge" : "Globalia" de Jean-Christophe Rufin.

 

Portrait374310461

Jean-Christophe Rufin

 

Résumé de l'histoire :

L'action se déroule dans un futur indéterminé, en juillet 27 d'une ère globalienne, dont on sait seulement qu'elle est postérieure à la nôtre. Une sorte d'État mondial, Globalia, assure à ses citoyens la sécurité, la prospérité et une certaine forme de liberté tant qu'ils ne remettent pas en cause le système. Les « zones sécurisées » occupent principalement l'hémisphère nord, tandis que les « non-zones », essentiellement situées dans l'hémisphère sud, sont réputées inhabitées mais servent de refuge à des populations que le pouvoir central qualifie de « terroristes ». Baïkal Smith, un jeune Globalien, cherche à fuir cette société qui lui pèse. Ce jeune homme se fait enrôler dans une machination montée par Ron Altman. Celle-ci consiste à créer un ennemi public no 1 pour fédérer les Globaliens contre cette menace extérieure des « non-zones ».

 

Mon avis :

Je dois commencer cette critique en vous disant que "Globalia" est un véritable OVNI dans la bibliographie de Jean-Christophe Rufin. Je m'explique : l'auteur est habituellement connu pour ses romans historiques et ses enquêtes policières (on retiendra notamment "Rouge Brésil" ou encore "Les énigmes d'Aurel le Consul"), et ce fut vraiment sur un coup du hasard que je suis tombée sur cette oeuvre peu connue qu'était "Globalia".

C'était il y a quelques mois, quand j'étais encore professeure de Français dans un collège, où je m'occupais de préparer une classe de 3ème au Brevet. Alors que je cherchais des sujets du type examens pour eux dans la séquence sur la science-fiction, je suis tombée dans les annales sur un texte extrait du roman du jour. Après l'avoir lu, j'ai directement été attirée par l'histoire de Baikal et Kate, sortis de "Globalia" et découvrant la "non-zone" à leurs risques et périls. Je voulais sincèrement présenter cet extrait aux élèves pour les entraîner au Brevet, mais on connaît malheureusement la suite, le Covid est passé par là et les examens ont été remanié depuis... :/ Cela ne m'a pas empêché pourtant d'aller emprunter le livre par la suite et de le bouquiner ;)

A la fin de la lecture, on peut dire que j'ai été mitigé ^^' Les romans de science-fiction me font toujours cet effet, mais je vais essayer de vous détailler mon point de vue. J'ai à la fois adoré et détesté le livre : adoré parce que ce livre est d'une part très bien écrit, et d'autre part, parce qu'il fait prendre conscience de ce que pourrait devenir dans les prochaines années notre monde. Et je l'ai détesté pour les mêmes raisons ! En le lisant je me suis dit à plus d'une reprise : « mais c'est ce qui est en train de se passer actuellement », à savoir une uniformisation de la pensée, un nivellement par le bas et un culture qui va s'appauvrissant inexorablement. Dans ce livre, le pouvoir n'est plus aux mains des politiques mais aux mains des grands patrons et si l'on regarde bien autour de nous, c'est exactement ce qui se déroule sous nos yeux. C'est un livre essentiel car il fait réfléchir et prendre conscience que l'on peut encore se battre pour ne pas, à notre tour, être enfermés dans l'univers de Globalia.

Avec ce roman, Jean-Christophe Rufin s'inscrit comme un véritable héritier d'Orwell ou d'Huxley. Comme dans "1984", Globalia consiste en une démocratie universelle à l'échelle mondiale. Elle se targue d'assurer la liberté et la sécurité à tous ses "citoyens". Ceux-ci vivent dans des zones sécurisées par des dômes de verre qui assurent un climat continu autant que la sûreté. Elle représente également la garantie de la démocratie et du bonheur absolus. Ce monde sous verre coule les Globaliens dans une béatitude artificielle. Consommer est l'activité principale. Les écrans omniprésents vantent à tout instant les mérites des produits à acquérir d'urgence (J'aime bien penser au parallèle à faire avec "Blade Runner"). L'espérance de vie a été repoussée à des limites à peine imaginables grâce à la chirurgie esthétique et le remplacement des organes et éléments défectueux par des pièces renouvelables. La jeunesse est dénigrée dans cet ouvrage, voire haïe, au profit de la maturité. Certains jeunes subissent des opérations pour se vieillir et échapper à l'opprobre anti-jeune. Enfin bref, une société en pleine déchéance qui ne supporte plus la jeunesse et prône avant tout la maturité. A côté de ces cités idéales fusionnées en un seul et même État existent des territoires sauvages, à l'air libre, indéfinis. Tant et si bien qu'ils sont appelés "non-zone". Il existe bien évidemment une propagande globalienne à propos de ces espaces. Et qui se met un peu trop en contradiction avec les valeurs de la cité se retrouve exilé dans ces non-zones.

L'histoire de Baïkal le rebelle, Kate sa fiancée et Puig un journaliste remercié permettent aux lecteurs de lever le voile sur les réalités de cette planète Terre à la fois si proche et si éloignée de nous. Manigances politiques et militaires parcourent les pages du roman, chassant un terrorisme omniprésent créé par eux-mêmes. "Globalia" est une véritable uchronie où se mêle aventures et réflexion. Il se lit sans ennui et offre du grain à moudre pour penser l'avenir. Tant d'un point de vue politique (cette démocratie absolue produit plus d'effroi que d'envie) que de l'humanité. Jean-Christophe Rufin a créé un monde plausible et bien orchestré. Il reste des zones d'ombre sur lesquelles il a vite passé à mon humble avis (les voyages d'une zone sécurisées à l'autre notamment et d'autres plus importantes). En même temps, il devait rester centré sur son intrigue sans se perdre dans les explications didactiques. On suit avec intérêt ses personnages principaux, bien qu'ils souffrent parfois d'aspect caricatural. 

Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un bon roman d'anticipation, fort différent des autres écrits de Rufin. L'auteur crée ici une sorte de « démocratie totalitaire », montrant les dérives et effets pervers de la démocratie actuelle si elle était poussée à l'extrême. Cependant, j'ai trouvé le récit des péripéties de Baïkal plutôt ennuyeux par moments, et l'histoire d'amour peu convaincante (leurs moments de dialogue sont touchants, mais je n'arrivais à sentir une quelconque harmonie entre eux). L'humour tombe un peu à plat, et les références aux objets du passé censées drolatiques sont trop pédagogiques pour être vraiment amusantes. La fin du roman n'est pas non plus des plus brillantes et est bien trop gentille à mon goût.

 

Ma note :

Vous l'aurez compris, "Globalia" est un roman qui m'a profondément dérouté, dans le bon comme dans le mauvais sens. D'un côté, j'ai été contente de découvrir cet ouvrage peu ordinaire dans les écrits de Rufin (les uchronies françaises sont vraiment des petits bijoux de littérature pour moi !), mais d'un autre, je ne l'ai pas trouvé aussi mémorable que "1984" ou encore "Le Meilleur des Mondes". L'histoire est très intéressante et aborde des thèmes actuels sur le devenir de notre monde, mais les personnages qui s'y trouvent sont un peu fades et ne portent qu'à moitié les enjeux du livre. C'est pourquoi je le note de 6/10, à cause de pas mal de failles scénaristiques. 

L'auteur avait expliqué au salon Toulouse Polars du Sud qu'il n'avait pas été à l'aise avec l'exercice de la science-fiction et qu'il avait privilégié plutôt ses connaissances historiques et policières pour ses ouvrages suivants. Malgré cela, j'ai été quand même contente de découvrir ce livre et je n'hésiterai pas à le proposer à mes élèves lors de la découverte de la science-fiction française ;)

 

Globalia

"Globalia"

(Folio - 2005 / 512 pages)

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