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Vivre à fond ses passions littéraires et créatives
14 août 2020

Au fil de mes lectures LEP - "Arcadie" d'Emmanuelle Bayamack-Tam

"AU FIL DE MES LECTURES" SPECIAL LIRE EN POCHE 2020

 

Bonsoir à tous ! ^^

Comme dit hier, à partir du 14 août et ce jusqu'au 9 octobre, la chronique "Au fil de mes lectures" sera consacré aux livres que j'aurais lu pour me préparer au salon Lire en Poche 2020.

Et aujourd'hui, pour entamer cette initiative, je voulais vous parler d'un roman mêlant utopie et initiation sexuelle (oui, c'est possible !) : "Arcadie" d'Emmanuelle Bayamack-Tam.

 

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Emmanuelle Bayamack-Tam

© Hélène Bamberger / POL

 

Résumé de l'histoire :

La jeune Farah, 15 ans, et ses parents vivent dans une communauté libertaire, à Liberty House, qui rassemble des gens fragiles, inadaptés au nouveau monde, celui des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Elle grandit dans ce drôle de paradis avec comme terrain de jeu les hectares de prairies et forêts qu’elle partage avec les animaux et les enfants de la communauté qui observent les adultes mettre tant bien que mal en pratique leurs beaux principes : décroissance, anti-spécisme, naturisme, amour libre et pour tous, y compris pour les disgraciés, les vieux, les malades. Elle a de plus en plus d'attirance pour Arcady, le chef spirituel de Liberty House ayant la quarantaine, dont elle rêve de devenir la maîtresse et la compagne, elle qui se trouve disgracieuse et qui voudrait vivre les mêmes passions que les filles de son âge.

Tout semble aller pour le mieux pour elle jusqu'au jour où elle découvre chez la gynécologue qu’elle n’a pas tous les attributs attendus et que son corps tend à se viriliser insensiblement. Qu'est-elle en réalité alors ? Une femme ? Un homme ? Pourra-t-elle un jour connaître l'amour à travers le sexe ?

Mon avis :

Par où dois-je commencer pour exprimer ce que je venais de lire ? Je savais que cette critique ne serait pas facile à faire, dès le résumé de la 4ème de couverture, mais je vais tenter d'être le plus objectif possible. C'est un roman très singulier que j'ai eu entre mes mains. Je dirais même plus, une lecture intrigante mais qui m'a parfois mise mal à l'aise.

Ce que je retiens principalement de ce roman sont trois choses :

Premièrement, "Arcadie" est un livre qui dénonce de nombreux faits qui sont encore d'actualité de nos jours. Je retiens surtout les principes de la secte, de la sexualité et de l'immigration. Tout au long de l'histoire, on sent l'évolution de Farah, vivant avec un petit groupe d'individus (dont fait partie sa famille : le père jardinier, la mère possédant une maladie de peau assez grave, et la grand-mère naturiste) dans une petite congrégation à Liberty House. Mené par un gourou nommé Arcady, les individus de ce groupe vit dans le véganisme, élève des animaux diverses et variés, prône les bienfaits de l'amour à touts bouts de champs, etc. A part pour aller à l'école, Farah n'a jamais véritablement quitté cet endroit qu'elle connaît maintenant depuis ses 6 ans, appréciant son existence au sein de sa communauté. Drolatique, enlevé, le ton d'Emmanuelle Bayamack-Tam l‘est dans ces propos, et cette dénonciation sans vergogne du phénomène sectaire est sans appel. Utilisant le mode de la dérision ou de la parodie, parfois irrésistible, comme à propos du naturisme, dont « l'un des bienfaits est de dissiper toute illusion sur les ravages du temps », peut aussi en choquer certains. J'avoue que cet humour grinçant m'a pas mal plu par instants, mais je peux comprendre qu'il ne plaise pas à tout le monde.

Le quotidien rempli de liberté et d'amour de Farah va se trouver changer par la découverte de son corps malformé d'un point de vue génital et du monde extérieur (via le sujet de l'immigration et sa rencontre avec Angossom). J'ai de loin préféré la deuxième partie du récit, à l'arrivée de Angossom, qui va vraiment agir comme un révélateur pour Farah, celui qui va lui ouvrir les portes sur le monde, sur sa conscience, sur un autre monde. Si au départ les plaisirs du sexe sont vraiment le centre d'attention de la jeune fille, peu à peu, elle ouvrira les yeux sur ce qui se passe en-dehors de la secte et elle apprendra la tolérence qu'on ne lui a pas inculqué durant des années. Voici que l'accueil tant prôné par la communauté, vole en morceaux : on veut bien reconnaître ce gros problème, mais pas ici, pas chez eux, non : ailleurs. C'est ainsi que Farah, qui raisonne autrement, va s'éloigner. Elle voit qu'elle vit dans un végétarisme imposé dans ces lieux où l'on préfère respecter les animaux plutôt que les Syriens qui arrivent après avoir risqué mille occasions de mourir, ce qui va la faire grandir et lui permettre de mieux réagir. Il y a derrière toute cela une satire de la Société, de notre monde moderne. Il y a de l'humour oui mais aussi des grincements, et c'est cette partie, cette prise de conscience de l'adolescente qui devient femme qui m'a le plus touchée. C'est un récit à plusieurs couches, à plusieurs degrés : initiatique, drôle dans ses extrêmes, ses no-limites mais plus froid et cynique sur notre société, qui a parfois les traits de cette communauté.

Pour en revenir à l'aspect de sexualité, ce romandoit faire partie des ouvrages avec la thématique que je lis le moins souvent, l'érotisme. J'avais tenté à l'université de m'y intéresser, notamment en feuilletant "Les exploits d'un jeune Don Juan" de Guillaume Apollinaire, mais sans grand succès malheureusement, trouvant l'histoire trop bizarre à mon goût. J'avais même eu l'occasion lors de mes études de Licence Pro Edition d'avoir un cours là-dessus, où on nous avait parlé des différents genres littéraires dans l'Histoire de la Littérature. Après, cela ne veut pas dire que je rejette complètement l'érotisme littéraire, mais d'habitude, j'ai un peu du mal avec les descriptions trop détaillés des actes sexuels des personnages, car j'ai toujours cru qu'à vouloir trop en décrire, cela pouvait me dégoûter un jour du sexe.

Le roman d'aujourd'hui en possède quelques unes, qui vont de très romantiques et douces (montrant une jolie alchimie entre Farah et Arcady), à brutales et violentes (qui m'ont moins plu car je trouvais que c'étaient des passages ajoutés gratuitement pour faire plaisir aux lecteurs les plus lubriques). L'auteure veut pourtant bien faire ; montrer les premiers émois amoureux de Farah, malgré sa "différence" grandissante est une excellente idée, afin de bien appuyer sur le fait que l'on a tous le droit un jour de connaître l'amour physique. L'auteure aborde ce sujet avec une grande sincérité : elle dit aussi s'intéresser à la décrépitude des corps et à la vieillesse (par exemple avec « Dadah ») pour raconter que le désir n'est pas réservé seulement aux gens jeunes, beaux, parfaits. Cependant, au bout d'un moment, ces passages érotiques partaient vraiment trop en vrille selon moi, ce qui m'a fait moins apprécier ces moments d'intimité.

Cependant, Emmanuelle Bayamack-Tam réussit à décrire la beauté luxuriante des lieux avec réalisme et beaucoup de poésie. Elle nous livre là, un roman audacieux, cru, trivial, une véritable utopie libertaire où, malheureusement va s'inviter la violence extérieure. "Arcadie" est une ode à la beauté du monde et des hommes où se côtoient de superbes envolées lyriques et un parler cru tout aussi poétique, un roman très contemporain. J'ai eu l'impression pourtant que l'auteure s'est éparpillée dans des sujets dans l'air du temps. J'avoue que j'ai sauté plusieurs paragraphes (beaucoup de redites). Je m'attendais surtout , d'après le pitch, à une histoire sur la communauté . Mais c'est plutôt une quête initiatique (et d'identité) d'une adolescente précoce.

Néanmoins, le portrait de l’héroïne est touchant de sensibilité et de grâce. C'est ce qui a sauvé ma lecture :) Farah est un peu une Zazie dans "Zazie dans le métro". Elle semble très mature pour son âge, mais a encore de nombreuses choses à apprendre concernant l'ouverture d'esprit. Elle tente de vivre dans une société où tout semble aller pour le mieux, mais son physique changeant tend à l'éloigner des autres, ce qu'elle essaye de normaliser, afin de ne pas passer pour un monstre. 

Pour tous ces points, "Arcadie", monde merveilleux et utopique, récit baroque et foisonnant, fait partie de ces livres qui, une fois la dernière page refermée, nous restent encore bien présents à l'esprit, pour de bonnes comme de mauvaises choses. Ce n'est pas le moindre de ses mérites. C'est déroutant, parfois gênant, déstabilisant, c'est pour moi finalement un beau travail d'écriture mais je reste sur mon impression première en fin de lecture : Pas mal, original mais toute la première partie m'a réellement mise mal à l'aise par rapport à ses excès.

Ma note :

Déroutant, loufoque, mais poussant à la réflexion sur la liberté sexuelle et l'immigration, "Arcadie" a été une véritable claque dans la figure pour moi. Au final, je ne sais pas si j'ai aimé ce livre ou si au contraire il m'a rendu perplexe, au vu des nombreux éléments énoncés par l'auteur.

Je lui mets un 14/20, car même si ces scènes sont bien écrites au niveau des interactions des personnages, l'auteure a tendance à se perdre dans des envolées poétiques qui n'en finissent pas.

 

Voilà, ce sera tout pour ce premier numéro de "Au fil de mes lectures..." spécial Lire en Poche 2020 ! ^^

La semaine prochaine, je vous parlerai d'un polar parodiant les romans nordiques et se déroulant à Copenhague ;)

En attendant, je souhaite que vos vacances soient belles et reposantes ! :)

 

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"Arcadie"

(Folio - 2020 / 416 pages)

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