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Vivre à fond ses passions littéraires et créatives
7 juin 2020

Mang'Adaptation - "La Petite Princesse" de Frances Hodgson Burnett

Mang'Adaptation

 

Bonsoir à tous ! Nous sommes le premier dimanche du mois, et nous allons de nouveau parler de mangas ! ^^

Je vous rappelle le principe : dans "Mag'Adaptation", je vous parle d'adaptations d'oeuvres littéraires connues en format mangas. Depuis mes études de lettres notamment, j'ai eu souvent l'occasion de tomber sur des mangas cherchant à vouloir rendre accessible les grands classiques de la littérature en bandes dessinées ou en mangas. Ce que j'aime bien faire, c'est comparer le livre original et le support manga pour voir par quelle lecture commencer pour découvrir une oeuvre ;)

Et aujourd'hui, nous restons encore au XIXe siècle, mais nous allons quitter la France pour aller découvrir la capitale de l'Angleterre, Londres. L'adaptation que je vais traiter doit forcément vous dire quelque chose si vous avez grandi dans les années 1980 et regardé bon nombre de dessins animés japonais... Voici "La Petite Princesse" de Frances Hodgson Burnett (que vous devez connaître aussi sous le titre de "Princesse Sarah")

N.B. : Avant de poursuivre plus loin, je dois vous avertir que les avis que je donne sur les romans et les mangas de cette chronique sont subjectifs et que je ne dis pas que le roman est mieux que le manga, ou inversement ! Je peux très bien comprendre que nous ne sommes pas tous égaux face à la facilité de la lecture et de la compréhension d'un ouvrage, quelque soit son format. Je ne fais qu'exprimer ici mon ressenti par rapport à ce que j'ai lu et compris et mon avis n'est pas non plus à prendre comme vérité absolue ;)
Mais si vous voulez qu'on en débatte ensemble, vous pouvez me laisser vos commentaires ou vos impressions en-dessous de l'article ou sur la publication Facebook concernant l'article du jour ^^

 

9782070567102: La petite princesse - AbeBooks - Hodgson Burnett ...

 "La Petite Princesse Sara" de Frances Hodgson Burnett

(VO : 1888, VF : 1891)

(Folio Junior, édition 1991)

288 pages, 8,90

 

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"La Petite Princesse Sara" de Frances Hodgson Burnett

(Les Classiques en Manga, Nobi Nobi)

198 pages, 8,90

 

Résumé de l'intrigue littéraire :

Attention spoilers !

Comme je vais détailler un peu plus loin quelques points essentiels de l'intrigue, certaines lignes présenteront quelques spoils. Donc, si vous n'avez pas lu le livre ou que vous ne connaissez pas le dessin animé, passez votre chemin ! ^^

Sara Crewe est une fillette de sept ans qui a été élevée en Inde par son père, le capitaine Ralph Crewe. Elle est envoyée à Londres pour étudier au Pensionnat de jeunes filles de Miss Minchin. Impressionnée par la fortune du capitaine Crewe, et afin de garder Sara dans son école le plus longtemps possible, Miss Minchin, la directrice, accorde à Sara un très grand traitement de faveur. La jeune fille vit alors dans un grand luxe : elle dispose de sa propre femme de chambre, d'un salon personnel et d'une garde-robe luxueuse. Elle est aussi sans cesse complimentée et montrée en exemple comme la « vedette » de l'école. Quand le capitaine Crewe devient le propriétaire de plusieurs mines de diamants en investissant toute sa fortune avec l'aide d'un vieil ami, la renommée de Sara augmente encore plus dans le pensionnat.

Malgré l'adulation dont elle est l'objet, Sara garde la tête sur les épaules. Elle est brillante, très mûre pour son âge, pleine de compassion et adorée par la plupart de ses camarades. Sa meilleure amie, Ermengarde, est le « cancre » de l'école ; Sara l'aide à retenir ses leçons. Elle est aussi la « mère adoptive » d'une autre élève, la petite Lottie, avec qui elle a un fort lien affectif puisqu'elles ont toutes les deux perdu leur mère très jeunes. Elle est aussi amicale avec Becky, la jeune bonne, et lui fait passer de la nourriture en cachette. Conteuse de talent, Sara attire l'admiration de toutes les élèves du pensionnat, y compris de celles qui la dédaignent, comme Lavinia. Sara joue à être une princesse et cherche à en acquérir les qualités : la générosité, la compassion et la politesse. 

Pourtant, la vie de Sara bascule le jour de son onzième anniversaire, où elle apprend la mort de son père, décédé d'une maladie tropicale. De plus, le meilleur ami de Ralph Crewe a disparu avec sa fortune, laissant Sara sans le sou. Suite à ce revirement de situation, Miss Minchin pense à jeter Sara à la rue, mais décide plutôt de la garder chez elle comme servante. Elle reprend alors toutes les affaires luxueuses de Sara et l'envoie loger au grenier, dans une mansarde misérable à côté de celle de Becky. Commence alors pour Sara une vie de bonne à tout faire de l'école, où elle sera chargée notamment d'enseigner le français dans lequel elle excelle, ainsi que de corvées plus pénibles les unes que les autres...

 

Que lire pour découvrir l'oeuvre ?

Livre VS Manga !

 

Round 1 - Le livre :

 

Les points positifs :

- Un premier point, évident mais très important, le personnage de Sara est très bien écrit : l'auteure a tenu à représenter son héroine comme une Cendrillon enfant, en la montrant altruiste et bienveillante envers les autres, sans tomber dans ses côtés mauvais malgré son âge et sa situation dans le roman. Cela ne l'empêche pas par moments de montrer légèrement son mécontentement et sa douleur face à ce qu'elle subit, et c'est cela qui m'a beaucoup touché chez le personnage (contrairement dans l'animé où elle est montré comme une petite fille soumise et passive). Au fur et à mesure de la lecture, on a de plus en plus pitié pour elle et on voudrait pouvoir l'aider à aller mieux, en la rassurant sur le fait que tout ira pour le mieux à un moment donné.

A propos de "moments touchants", deux dans dans le roman en particulier ont attiré mon attention au sujet de ses quelques discrètes "tentatives de rébeillion" :

            * le premier est celui où Sara est tout juste devenue pauvre. Après avoir été sermonnée par Miss Minchin sur son avenir dans le pensionnat, cette dernière lui demande si elle ne pourrait pas lui témoigner plus de reconnaissance par rapport à sa "gratitude" de la laisser encore vivre sous son toit. La réaction que montre l'héroine à cette interpellation est tout juste réaliste de tristesse et d'offuscation par rapport à ce qu'elle est en train de vivre, car elle lui lance qu'elle n'est pas bonne et que pour elle, le pensionnat est clairement devenu une prison. Cette réplique, dite avec une légère agressivité, démontre bien l'injustice que vit la petite fille à ce moment précis (passer d'un monde rempli de richesses et d'amour à celui de la pauvreté et de la solitude) et on comprend facilement que Miss Minchin se moque bien du fait qu'elle vient juste de perdre son père, qui était sa seule famille.

              * le second est encore un passage où interagissent Sara et Miss Minchin : alors que la petite fille est surprise avec ses amies dans le grenier à organiser une petite fête pour remonter le moral de notre héroine, la directrice y met fin de manière assez brupte en punissant notamment Becky, son ami servante. Sara, tentant de justifier ce regroupement, se fait rembarer par Miss Minchin, et la petite fille en conclut sur un ton sombre, comme pour faire réaliser à la directrice son comportement : "Je me demande ce que dirait mon papa s'il savait où je suis ce soir.", comme pour souligner le fait qu'elle est bien maltraitée dans son école. La violence par la suite des gestes de Miss Minchin appuie encore plus sur le fait que Sara est devenue un bouc-émissaire pour elle, ce qui nous met dans la même détresse psychologique que Sara.

- La fin est vraiment d'une justesse absolue : pour ceux qui connaissent l'histoire de Cendrillon, elle n'est pas surprenante, mais je dois avouer que j'ai adoré la confrontation entre Monsieur Carrisford et Miss Minchin sur le devenir de Sara. On sent au fil des lignes que cette dernière perd de plus son emprise sur la petite fille grâce à la sévérité des propos de Monsieur Carrisford et qu'elle ne veut pas reconnaître sa défaite et son mauvais comportement face à elle pendant deux ans (il faut savoir que Sara est devenu servante à 11 ans dès le jour de son anniversaire et qu'à la fin du roman, elle en a 13). Mais ce qui m'a encore plus plu, c'est la justesse des dires de Sara suite à cela, qui ne fait que confirmer à son ancienne directrice qu'elle a toujours gardé espoir de voir un jour sa situation s'améliorer grâce à son imagination d'enfant qui l'a préservé des atrocités des adultes. Rien que pour cela, j'admire le courage de cette gamine ! ^^

- Le roman critique, tout en vulgarisant ses propos pour un jeune public, les défauts de la société britannique du XIXe siècle : il faut savoir qu'à cette époque, des inégalités sociales étaient très présentes dans le pays, dont les plus démunis pouvaient vivre dans des conditions de vie exécrables. "La petite princesse" nous montre bien à quel point les enfants pauvres pouvaient souffrir à cette époque : en effet, ils pouvaient être vendus par leur famille pour gagner de l'argent (s'ils n'étaient pas des orphelins), quand d'autres devaient travailler très jeunes malgré des "règlementions" sur le travail des enfants. On peut aussi ajouter que la femme à cette époque n'avaient pas beaucoup de liberté, et cela est appuyé par les personnages de Sara et de Becky, car elles sont doublement désavantagées par la société. Mais finalement, leurs situations finissent par s'améliorer, ce qui est un reflet par rapport aux établissements de lois favorables aux enfants et aux femmes à la fin du XIXe siècle. Cela prouve que "La petite princesse" est certes aux premiers abords un roman jeunesse, mais il se révèle être une importante réflexion autour des droits humains.

 

Les points négatifs :

- Un petit - qui pourrait pousser au chipotage, le roman possède un aspect assez naif : ce que je veux dire par là, c'est qu'à cette époque, les livres pour enfants avaient souvent une visée éducative et morale, comment "Les Malheurs de Sophie" de la Comtesse de Ségur. Ici, la moralité est que si l'on reste bonne et patiente, la vie reprendra un jour plus ou moins une bonne tournure. Mais bon, on ne peut que constater que cela n'existe que dans les romans malheureusement ^^' L'insistance de Sara à vouloir devenir plus que tout "une princesse" peut être soûlant au bout d'un moment : certes, c'est une adaptation enfantine du conte de Cendrillon, mais au bout d'un moment, cela peut être redondant et puéril. Après, ce n'est pas un très gros point négatif, car on peut facilement pardonner à Sara de penser ça, de par son jeune âge.

- Celui-ci relève plus de la sous-intrigue de ce roman - mais je tenais quand même à la relever, le temps que mettent Messieurs Carrisford et Carmichael à chercher la supposée fille de Ralph Crewe est vraiment trop long à mon goût. Je peux bien comprendre que c'est parce que Monsieur Carmichael voyage à travers le monde pour la retrouver et que Monsieur Carrisford est trop malade pour pouvoir agir seul, mais on sent venir depuis un long moment qu'elle va être la révélation au sujet de la "fille disparue". Ce qui m'a quand même étonné, c'est qu'après que Ram Dass ait rencontré Sara (suite à une fugue de son signe domestique), celui-ci ne soit pas allé dire à son maître Monsieur Carrisford qu'elle parlait l'hindou (c'est quand même une chose importante dans la recherche de cette fameuse fille !).

- Même si Miss Minchin est très bien développée en tant qu'antagoniste, j'ai trouvé ça dommage que Lavinia soit trop mise en arrière-plan. Au début de l'histoire, elle est la rivale n°1 de Sara, parce qu'elle était la plus riche avant son arrivée. Après sa "chute sociale", Lavinia en profite pour la ridiculiser dès qu'elle en a l'occasion, mais malheureusement, ce n'est pas assez montré dans le roman. Après, ils ont palié ce souci dans l'adaptation animée (où Lavinia lui fait encore plus de crasses et lui pique même son ancienne chambre), mais j'aurais bien voulu voir d'autres tours de peste dans le livre.

 

Petite princesse sara visual 3

"Mon souhait le plus cher serait que tu deviennes une femme qui se préoccupe du bonheur d'autrui.

Que tu mettes tout en oeuvre afin d'aider ton prochain à être heureux, et ainsi devenir une grande dame aimée de tous..."

 

Round 2 - Le manga :

 

Les points positifs :

- Azuki Nunobukuro, celle qui a adapté l'histoire pour Nobi Nobi, a fait de bien meilleurs dessins que la version animée - ce qui devait être un challenge important. Quand on a grandi dans les années 1980 ou qu'on regardait "Midi les Zouzous" à la télévision, on était habitué au style graphique de "Princesse Sarah". Personnellement, j'ai jamais accroché au chara-design de certains personnages, et le fait que les voir dessiner d'une autre façon fait du bien je trouve (après je dis ça, mais Ermengarde, Lottie, Lavinia, Miss Minchin et Amelia ressemblent quand même beaucoup aux personnages de l'animé et ça ne m'a pas choqué au contraire ^^'). Certes, on reconnaît bien le trait du style shojo (avec ses grands yeux écarquillées et ses mini SD à gogo), mais cela n'entâche pas le plaisir de la lecture. Je préfère largement cette version dessinée de Sara, que je trouve plus naturelle ! Et je pense de même concernant Becky et Monsieur Carrisford, qui ont des côtés un peu moins bouffons et moins vieillis que dans le dessin animé. Par ailleurs, j'ai particulièrement apprécié la différence d'ambiance et de visages entre le quotidien jovial et enchanteur de Sara au début, puis la pauvreté, le chagrin et l'injustice une fois le père décédé… L'illustratrice a su judicieusement retranscrire les émotions ainsi que les différentes atmosphères.

Les points négatifs :

- C'est assez prévisible, mais quand on a vu l'animé avant de lire le manga, on s'attend à avoir plus d'événements traumatisants pour notre héroine. Les problèmes de Sara sont beaucoup plus résumés et moins tragiques que dans le roman, où l'on ressent plus sa douleur face aux injustices de sa situation. Mais comme le manga fait 200 pages, on peut comprendre que la mangaka a dû faire des choix pour adapter l'histoire au format manga. 

- Les personnages secondaires ne sont que des faire-valoir (par rapport au roman) mais cela ne gène en rien la lecture. Certes ce ne sont QUE des faire-valoir, mais ils le font très bien et permet à Sara de briller plus. J'ai sincèrement une très grande préférence pour Ermengarde et Becky, qui malgré leurs différents statuts sociaux, continuent de soutenir Sara.

- La cible de cette nouvelle adaptation touche plus les jeunes lecteurs, mais on ne s'offusquera pas du manichéisme qui s'en dégage. Au contraire, en tant qu'adulte, cela demeure un sympathique moment de lecture que l'on passe en compagnie de Sara, et l'on constate avec plaisir que l'auteur a souligné des valeurs intemporelles qui sauront résonner dans le coeur des jeunes demoiselles d'aujourd'hui : empathie, persévérance, amitié, générosité, espérance.

 

Petite princesse sara visual 2

 

Qui gagne le match ?

Après analyse des deux supports, je pense sincèrement que les deux oeuvres se valent ! Je ne sais pas si c'est parce que j'ai regardé le dessin animé étant enfant, et que cela m'a a dû influencé mon choix, mais je crois vraiment que le manga est aussi réussi que le roman.

Parce que d'une part, les adaptateurs chez Nobi Nobi n'ont pas perdu l'essence même de l'oeuvre originale (en respectant la chronologie des événements et les personnalités des protagonistes), mais aussi parce qu'ils y ont ajouté une petite touche girly pas trop dégoulinant de sentiments miévreux, beaucoup moins lourde que dans le dessin animé. On peut très bien commencer soit par le roman, soit par le manga, sans que cela impacte le plaisir de la découverte littéraire. Personnellement, j'avais d'abord vu le dessin animé, puis lu le roman et le manga... et je n'ai senti aucune trahison par rapport à l'oeuvre originale.

 

And the winner is... Le livre et le manga !

EX-AEQUO !!!

 

Coupe Victoire Clipart (#4193914) - PinClipart

 

Je ne pouvais terminer cette chronique, sans mentionner une dernière fois, l'animé "Princesse Sarah" ;) Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas mon animé favori des années 1980, mais il mérite sincèrement d'être vu au moins une fois pour voir l'impact qu'il a laissé sur ceux ayant vécu la période "Club Dorothée" et même les générations suivantes.
Donc je vous laisse avec le générique de ce dessin animé ayant bercé une partie de mon enfance quand je regardais "Midi les Zouzous" avant d'aller à l'école.

 

 

 

 

Merci d'avoir lu cet article, n'hésitez pas à me donner vos retours sur ce que j'ai écrit et en attendant... lisez (ou continuez à lire) des mangas ! ^^

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Commentaires
T
Waouw...<br /> <br /> Souvenir du vieux bouquin (édition des années 1950, Rouge & Or) que je lisais pendant mes vacances d'enfances (dans les années 1970) dans la maison de campagne familiale... <br /> <br /> Je n'avais jamais entendu parler de l'anime, et je n'avais pas vu passer le manga en 2014!<br /> <br /> Votre analyse paraît bien fouillée, merci.<br /> <br /> Peut-être ne faudrait-il pas parler des "affaires luxurieuses" de Sarah (ou bien ça n'indiquerait pas le même genre de manga, et sûrement pas édité chez cette Maison d'édition) ;-)<br /> <br /> Peut-être es-il utile de rappeler que le roman original est paru aux Etats-Unis en 1905 (hé oui, il y a 115 ans...), dans des contextes extrêmement différents de ce que les ados de 2020 peuvent connaître (oui, les dinosaures étaient déjà éteints!...). <br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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