Au fil de mes lectures... - "Testament à l'anglaise" de Jonathan Coe
Au fil de mes lectures...
Chaque vendredi, je vous présente une fiche de lecture d'un ouvrage que j'ai lu, dans mes heures perdues ou dans le cadre d'un événement en particulier. Voici donc le fil "Au fil de mes lectures..." ;)
Et aujourd'hui, nous quittons les Etats-Unis pour aller en Angleterre, découvrir une histoire mêlant critique sociale et enquête policière : "Testament à l'anglaise" de Jonathan Coe !
Jonathan Coe
© C. Hélie - Gallimard
Résumé de l'histoire :
Hiver 1942, Godfrey Winshaw est abattu en plein vol mystérieusement lors d'une attaque en Allemagne. Sa soeur Tabitha, traumatisée par son décès, est persuadée qu'on a voulu lui faire du mal, et elle soupçonne notamment son frère aîné Lawrence d'avoir attenter à ses jours. Cependant, sa famille pense qu'elle est devenue folle et il est décidé de la faire interner dans un asile.
Bien plus tard, à la fin des années 1980, Michael Owen, à l'initiative de Tabitha, décide de mener l'enquête sur cette même famille Winshaw, une des premières fortunes d'Angleterre dont les membres n'ont en commun que la soif du pouvoir et de l'argent.
Mon avis :
J'ai découvert l'existence de Jonathan Coe lors de mon stage à Lire en Poche l'année dernière, où l'une des premières tâches que l'on m'avait affecté était de publier chaque dimanche le nom d'un auteur étranger qui serait présent au salon. A l'évocation de ce premier nom, j'ai décidé de m'intéresser à son oeuvre, et notamment l'une de ses plus connues "Testament à l'anglaise".
Après avoir lu son livre, je n'ai pu que constater le côté obscur qu'il en dégageait à chaque ligne : l'auteur nous raconte les plus mauvais côtés de l'Angleterre, des années 1940 à la guerre du Golfe, parlant notamment de vente d'armes, de tortures, d'exploitation industrielle éhontée des animaux, de traitements inadmissibles des malades dans les hôpitaux ou de sécurité sociale affligeante. Ces événements en arrière-plan, cités de manières assez péjoratives, ne sont heureusement pas le coeur de l'intrigue, mais permettent de mieux suivre l'histoire des Winshaw, à travers un contexte assez chaotique.
Je dois avouer que, dans un premier temps, je n'ai pas vraiment accrochée à l'intrigue de "Testament à l'anglaise". La première partie (qui est la plus longue) met donc en place les personnages. On croirait perdre notre temps en lisant la présentation des membres de la famille, et pourtant, c'est nécessaire pour se mettre dans l'ambiance des Winshaw. En plus, l'auteur a été astucieux car on suit notre fameux Michael Owen qui est le fil rouge. Sa tâche principale est d'écrire un livre sur cette famille. Pour ceux qui sont attirés par le monde des écrivains, les passages de Michael Owen en donne une bonne idée. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'un petit garçon de 9 ans venait faire dans cette histoire de famille. Famille, dont tous les membres sont plus détestables les uns que les autres, car possédant tous les défauts les plus insupportables (orgueil, avarice, etc.), ce qui m'avait rendu la lecture de certains passages bien pénibles.
Néanmoins, comme dirait l'expression : "Tout vient à point à qui sait attendre". La première partie du roman est certes laborieuse à comprendre et à mettre en place, mais il faut encore attendre la seconde partie pour vraiment entrer dans le vif de l'action. Elle est assez courte (une centaine de page), et on sent que Jonathan Coe voulait rendre hommage aux "Dix petits nègres" d'Agatha Christie. On penserait que c'est casse gueule, mais en fin de compte, cette dernière partie est assez bien agencée et le suspense est très adroit. Le dénouement est vraiment bien amené je trouve, mais à cause de la première partie, celui-ci semble arrivé comme un cheveu sur la soupe.
Et ce n'était pas la seule chose qui m'avait dérangé dans l'ouvrage : par moments, il y a une critique des années Tatcher et du capitalisme, critique ou caricature plus exactement des membres de cette famille car on est plus dans le cliché que dans l'explication. On a aussi le côté loufoque proche de la folie qui fait souvent le charme des romans anglais, mais qui malheureusement, ne prend pas chez moi. Et puis on trouvera aussi des passages sur la misère sexuelle et sentimentale de certains personnages... Tous ces éléments mal mélangés m'ont donné une lecture pénible dont je ne tire aucun profit - même pas le plaisir.
Ma note :
Vous l'aurez compris, "Testament à l'anglaise" fut pour moi une expérience éprouvante. L'idée de base de raconter l'histoire d'une famille sous le contexte des années Thatcher avec comme trame une enquête policière n'était pas une si mauvaise idée que ça, à la lecture du résumé. Pourtant, après avoir fini de le lire, j'ai eu comme un goût amer dans la bouche et une frustration d'être passée à côté de quelque chose d'intéressant. Je lui donne donc la note de 6/10, parce que, même si la partie polar est très intéressante et l'humour subtil, la première partie était trop longue selon moi, et que même si les personnages sont diversifiés, leurs personnalités ne m'ont pas permis de m'y attacher.
Après, peut-être que je n'ai pas lu le "meilleur" ouvrage de Jonathan Coe, et que je dois encore chercher LE livre qui me donnera le déclic sur son talent d'écrivain ;)
"Testament à l'anglaise"
(Folio - 1997 / 683 pages)
Donc voilà, j'espère que cet avis vous aura intéressé et donné envie de découvrir de nouvelles oeuvres ^^ Promis, la prochaine fois, je vous parlerai d'un livre que j'aurais plus aimé ;)
Je vous dis "See You Later !" pour une nouvelle fiche de lecture ;)