Au fil de mes lectures... - "Les yeux jaunes des crocodiles" de Katherine Pancol
Au fil de mes lectures...
Chaque vendredi, je vous présenterai une fiche de lecture d'un ouvrage que j'ai lu, dans mes heures perdues ou dans le cadre d'un événement en particulier. Voici donc le fil "Au fil de mes lectures..." ;)
Et comme les histoires de famille ne sont forcément évidentes en ce climat de coronavirus et que j'avais besoin de mieux la comprendre, je me suis tournée vers un livre de Katherine Pancol nommé "Les yeux jaunes des crocodiles".
Katherine Pancol
© S. Lancrenon
Résumé de l'histoire :
Joséphine est une femme ayant une vie plutôt compliquée. Historienne médiévaliste, elle a toujours eu des difficultés relationnelles avec ses proches : sa mère la méprise depuis l'enfance souvent au détriment de sa plus jeune soeur Iris - ce qui ne l'aide pas à avoir confiance en elle, son mari cumule des dettes à n'en plus supporter (en plus d'une idée farfelue d'élever des crocodiles en Afrique) au point que cela déclenche un divorce et elle tente d'élever du mieux qu'elle peut ses deux filles, dont l'aînée, Hortense, est en pleine crise d'adolescence et traite sa mère de "ratée".
Mais un jour, Iris, qui a une vie plus stable que son aînée (un mari avocat riche et un enfant surdoué) et qui écrit des romans pour gagner sa vie, annonce lors d'un repas vouloir écrire un nouveau livre sur une femme vivant au Moyen-Age, alors que ceci est un mensonge - car elle a juste piqué l'idée de la thèse de sa grande soeur. Cependant, un éditeur s'intéresse à son idée d'histoire et veut la faire publier dès que le manuscrit sera terminé ! Iris va donc demander à Joséphine d'écrire le livre pour elle et un marché va alors se faire entre elles : l'une aura le succès de l'ouvrage et l'autre recevra l'argent des ventes, pour combler les dettes de son mari...
Mon avis :
En 2014, beaucoup de mes amies m'ont longuement parlé de Katherine Pancol lorsque j'étais en licence de lettres à l'époque, car le film adapté du livre allait sortir au cinéma. Sous leurs insistances de me plonger dans l'univers de cette auteure, je m'étais résolue par lire "Les yeux jaunes des crocodiles", délaissant quelque peu "Madame Bovary" et "Orgueil et Préjugés", oeuvres que je devais lire dans le cadre de mes études.
Pourtant, Joséphine n'était pas aussi différente des deux héroines dont je lisais les histoires pour les cours de Littérature Générale et Comparée : comme Emma Bovary, elle s'ennuyait de sa vie monotone avec un mari excentrique, et comme Elizabeth Bennett, elle découvrait le véritable sens de l'amour, mais sans vraiment sauter le pas, de peur de perdre tout ce qu'elle avait construit. A la lecture de son histoire, j'ai pu constater que Joséphine pouvait être une de ses héroines marquantes de la littérature : au fil de l'intrigue, elle doit subir de nombreuses épreuves rythmant sa vie, à cause de son mari parti élever des crocodiles en Afrique, une mère et une petite soeur condescendante et une fille adolescente se permettant de lui parler mal et de l'insulter de tous les noms d'oiseaux, tout en cherchant par la même occasion à s'affirmer dans sa vie de tous les jours et à tenter de chercher une nouvelle stabilité.
En tout cela, je me suis reconnue en Joséphine : à la première lecture, j'ai eu un bon comme un mauvais effet de surprise lorsque j'apprenais l'intégralité de son histoire, parce qu'elle avait de nombreuses similitudes avec la mienne. En effet, comme elle, j'ai longtemps été une personne timide et introvertie, me laissant souvent marcher sur les pieds par les autres et n'arrivant pas à m'exprimer le plus justement possible envers les têtes brûlées en face de moi. J'ai ressenti cette comparaison notamment dans sa relation avec sa soeur Iris : avec la mienne, ce fut pratiquement la même chose. Ma propre soeur était un mélange entre Iris et Hortense quand elle était adolescente, et comme Joséphine, je devais subir ses foudres régulièrement, allant du dédain au rabaissement, et constater souvent qu'elle tenait à cette époque à ramener souvent l'attention vers elle devant nos parents. D'où le côté amer qui est ressorti de cette première lecture... Le livre me rappelait des souvenirs assez mélancoliques de mon adolescente, ce qui m'avait permis de mieux m'identifier au personnage de Joséphine, mais m'a aussi permis de mieux réfléchir aujourd'hui aux conséquences de l'adolescence sur les gens. Rassurez-vous, aujourd'hui, j'ai de meilleurs rapports avec ma jeune soeur, et nous avons appris à grandir, tout en limitant au maximum nos conflits.
"Les yeux jaunes des crocodiles" est un roman dont la lecture fut pour moi éprouvante, mais aussi très intéressante. Car même si le destin de Joséphine m'a beaucoup touché, j'ai eu un grand plaisir à découvrir des personnages haut en couleurs et très attachants comme Marcel, le beau-père de Joséphine, souffrant de la trop grande autorité de son épouse et cherchant à l'émanciper, et Philippe, le mari d'Iris, qui garde la tête sur les épaules en toutes circonstances face aux histoires des deux soeurs, mais qui est dévoué de toute son âme face au mal-être de Joséphine. Iris et Joséphine ont donc la chance de voir graviter autour d'elles des personnages bienveillants ou réactionnaires envers elles, afin de les permettre d'avancer et de prendre conscience de leurs actes, ce qui m'a permis de mieux apprécier l'ouvrage et son histoire en générale.
Ma note :
Comme dit plus haut, après avoir fini ce livre, j'ai été bousculé de nombreuses émotions : la tristesse, la nostalgie, la mélancolie et l'humour étaient bien présents à travers ses lignes, me permettant d'explorer une large palette d'émotions, qui m'a aidé à beaucoup plus aimer l'intrigue et ses personnages. Même si la lecture fut compliqué pour moi au niveau des passages sur la relation entre les deux soeurs ou entre Joséphine et sa fille, j'ai pu lire un ouvrage très intéressant sur la famille et je ne remercierai jamais assez Katherine Pancol de l'avoir écrit et de m'avoir indirectement guidé dans une opération de reconquête affective de ma propre fratrie. C'est pour ça que je lui donne la note de 7,5/10 (oui, je donne des 0,5), car j'ai aimé lire l'histoire de Joséphine, mais par instants, elle me semblait un peu brouillon au niveau de la progression de son histoire.
Pour conclure cette chronique, je voulais ajouter que j'ai eu l'occasion de parler à Katherine Pancol de mon ressenti par rapport à son roman au salon Lire en Poche en 2019, lors d'une dédicace, ce qui l'avait fait sourire et elle m'avait répondu qu'elle était contente de m'avoir aidé à me sentir mieux à travers ses écrits. Un excellent souvenir que je garde de ce salon et qui m'a donné plus qu'envie de lire ses autres ouvrages...
Pour ceux qui n'ont pas encore vu le film adapté du roman, sorti en 2014, je vous mets la bande-annonce ci-dessous (j'étais allée le voir avec une amie quelques mois après l'ouverture du cinéma les Cordeliers à Albi) :
"Les yeux jaunes des crocodiles"
sur un coussin entouré de bonbons Haribo
(Le Livre de Poche - 2007 / 667 pages)
© lelia_writer (Instagram)