Au fil de mes lectures... - "Le collier rouge" de Jean-Christophe Rufin

Au fil de mes lectures...

Chaque vendredi, je vous présenterai une fiche de lecture d'un ouvrage que j'ai lu, dans mes heures perdues ou dans le cadre d'un événement en particulier. Voici donc le fil "Au fil de mes lectures..." ;)

Aujourd'hui, je vous propose un voyage dans le temps, à l'époque de la Première Guerre mondiale, période historique que j'affectionne particulièrement. Je me suis donc plongé dans "Le collier rouge", écrit par Jean-Christophe Rufin.

Jean-Christophe Rufin

© Francesca Mantovani

Résumé de l'histoire :

Eté 1919. Sous une chaleur étouffante et accompagné des aboiements d'un chien attaché en laisse à un arbre face à une prison, un homme nommé Lantier est appelé pour intervenir dans une affaire étrange. Jacques Morlac, propriétaire de ce dit chien et héros de la Grande Guerre, a été emprisonné pour une raison que le lecteur et même le juge Lantier ignore encore. Ce dernier va entamer une longue conversation avec le détenu afin de démêler l'enquête, en apprenant au passage l'histoire vécue par Morlac pendant le conflit 14-18, et notamment la rencontre avec son chien nommé Guillaume, qui deviendra son compagnon de misère pendant leurs rudes combats contre les Allemands...

Mon avis :

"Le collier rouge" n'est pas le premier ouvrage que je lis parlant de la Première Guerre mondiale. Depuis l'école primaire, j'ai toujours été intéressée par les récits de combats dans les tranchées, les actes de prouesses des soldats français et les coclusions d'après-guerre. Dans cette thématique, j'avais déjà pu lire "Un long dimanche de fiançailles" de Sébastien Japrisot et "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître (que je vous conseille vivement de lire !), ouvrages que je pourrais mettre facilement dans un Top 3 personnel sur la littérature de guerre.

Pour en revenir au livre de Jean-Christophe Rufin, j'ai pu y retrouver des ficelles que j'avais déjà descellé dans "Un long dimanche de fiançailles" ou "Au revoir là-haut". Comme dans le premier, l'histoire est une enquête policière d'après-guerre, où un personnage cherche à découvrir la vérité sur les actes d'un autre, afin de comprendre pourquoi il a fait et en quoi la Grande Guerre l'a influencé. Et comme dans le second, le personnage accusé en veut à ses supérieurs et au conflit de l'avoir rendu aussi pessimiste, et cherche à vouloir faire entendre sa voix après la guerre, voulant rétablir lui-même une justice qu'il jugeait incorrecte lors des combats.

Cependant, Rufin y ajoute sa touche personnelle : car il fait interagir non seulement le juge Lantier avec différentes personnes dans le cadre de son enquête (Morlac, sa maîtresse, etc.), mais il en vient également à discuter régulièrement avec le chien Guillaume, animal fidèle de Morlac, qui attend patiemment la libération de son maître. Tout au long du roman, Lantier tisse un lien affectif avec l'animal, tentant de comprendre ce qui a poussé Morlac en prison. A travers cette amitié hors du commun, Rufin souligne un point important historique : il n'y avait pas que les hommes ou les femmes qui se lançaient dans la bataille lors du conflit 14-18. En effet, les chiens étaient souvent présents dans les tranchées, afin de non seulement chasser les rats qui les infestaient, mais aussi de servir de soutien moral aux soldats. Rufin pousse l'hommage jusqu'au bout car sur la page de couverture, la Légion-d'Honneur (sous la forme d'une croix de guerre) est présente, accrochée au collier du chien.

Ce livre est, je trouve, un très bon récit de guerre, car il permet de mettre en lumière l'implication des animaux lors de la Première Guerre mondiale, aspect jusqu'ici peu présent dans la littérature historique. Car j'y ai trouvé une histoire policière très intéressante, mettant en scène des valeurs humaines importantes, comme l'amitié, l'empathie et la confiance envers l'autre. L'homme comme l'animal ont vécu un événement historique tragique et traumatisant, et malgré cela, un fort lien affectif et indestructible s'est tissé entre eux, bien au-delà de la guerre, ce qui m'a beaucoup touché.

Ma note :

Tout à l'heure, je vous parlais d'un Top 3 personnel sur la littérature de guerre, car il me semblait intéressant d'en faire un, vu à quel point cette période historique me plaît. En numéro, je mettrais sans hésitation "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître (pour sa poésie et son récit plus basée sur la reconstruction des personnages après la Première Guerre mondiale), tandis que le roman "Un long dimanche de fiançailles" se retrouverait selon moi à la seconde place (pour son enquête policière rebondissante et son héroine courageuse).

Vous l'avez donc compris, "Le collier rouge" irait en troisième position. Non pas parce que j'avais déjà lu des histoires similaires auparavant sur le conflit 14-18, mais c'est surtout parce que son histoire d'amitié entre un homme et un chien m'a rappelé à quel point les chiens comme les chats pouvaient être dévoués envers leurs maîtres, même lors d'une période aussi dramatique de l'Histoire. C'est pourquoi je lui donne la note de 7/10, car cet ouvrage m'a permis, le temps de quelques lignes, d'en savoir toujours plus sur la justice d'après-guerre et les relations humaines en reconstruction totale.

Je ne peux que vous conseiller aussi le film adaptant le livre et réalisé par Jean Becker, sorti en 2018, où François Cluzet (dans la peau du juge Lantier) est confronté à Nicolas Duvauchelle (en Morlac cynique).  On y retrouve très bien retranscris les aspects sombres de la guerre, ainsi que l'accent sur l'absurdité du conflit filmé avec brio par la caméra de Becker et appuyé par les dialogues des acteurs. Un roman et un film qui nous pousse donc à réfléchir sur la notion de reconnaissance et de dévotion...

Ci-dessous, je vous mets le lien de la bande-annonce du film - pour ceux qui seraient curieux de faire un prolongement après la lecture du roman :

"Le collier rouge"

devant une mairie

(Folio - 2015 / 176 pages)

© lelia_writer (Instagram)